La question des arts martiaux et du sport anime de nombreux débats ces dernières années. Tentative d’éclairage.
Les arts martiaux, “budo” en japonais (voie de la guerre) sont comme leur nom l’indique issue d’une tradition guerrière. Les samouraïs japonais les pratiquaient et s’appliquaient un code moral : le bushido (dont l’une des traductions possibles est “voie de la protection”. Cette notion est tout à fait unique et profonde et renvoie à la notion de paix (intérieure comme extérieur).
Il est intéressant de noter que cette “protection” souhaitée par la pratique et le code moral des arts martiaux dépasse le cadre du dojo. Avant la pratique, il y a la volonté, la droiture et un code. Comme si le geste n’était que l’écoulement d’un art pré-existant. Ainsi, l’art martial vie au-delà de la pratique. “Kara” signifie vide, la vacuité. Cela fait à nouveau écho à la paix intérieure, ainsi qu’à l’état souhaité avant un combat: vide, et prêt (Yoi). En tirant le fil, on peut s’intéresser au Zen et à la méditation. C’est tout cela que l’on découvre dans les arts martiaux, et le karaté actuel.
En comprenant ces concepts et ces origines, les arts martiaux (budo) dont le karaté fait partie ne sont pas des sports, mais un art de vivre : le bushido peut être compris comme une ligne de conduite. On dit du Kung fu (art martial chinois) qu’il est présent dans tout mouvement. Il en va de même pour le karaté qui s’est crée en s’inspirant largement des arts martiaux chinois.
Une autre caractéristique particulière des arts martiaux sont la délivrance de niveaux du 9e au 1er Kyu (ceintures blanche à marron) puis des “Dan” (1er dan étant ceinture noire). Ces “dan” sont délivrés par les fédérations, en France la FFKDA dont la mission est confiée par le ministère de la jeunesse et des sports. Les “dan” sont donc reconnus par l’état. En ce sens, l’apprentissage du Karaté-do s’apparente à l’école, avec l’obtention de certifications reconnues nationalement et même mondialement puis que la France (fédération FFKDA) est la deuxième nation mondiale du Karaté après le Japon (fédération JKA).
D’un autre côté, il est indéniable qu’en dehors de ces aspects “profonds” des arts martiaux, la surface visible s’assimile au sport.
Le combat lui-même n’est pas nécessairement “la guerre” mais peut-être assimilé à un jeu, que les enfants pratiquent naturellement dès le plus jeune âge sans mauvaise intention. Les animaux aussi jouent à se battre entres eux. “Jouer à se battre” avec technicité, vitesse, et puissance est une discipline qui s’est développée avec l’expansion du karaté dans le monde, notamment le karaté enfant, et le succès des compétitions. Les katas, s’ils peuvent-être compris comme une méthode de méditation pour atteindre le kiai, ou un art de transmission où sont cachés des techniques mortelles, peuvent aussi être perçus comme d’incroyables défis physiques et esthétiques. Selon les cas, on pointe du doigt tel aspect ou tel autre de la discipline.
En définitive, les arts martiaux sont tout cela à la fois. Le Karaté est un sport, aux prochains Jeux Olympique de Tokyo en 2020, qui demande une grande maîtrise, et c’est une voie, le “karaté-do”. A vous de choisir l’orientation de votre pratique.